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Durée de vie des onduleurs : faut-il prévoir un remplacement ?

Dans une installation photovoltaïque, l’onduleur est la pièce qui travaille le plus. Il transforme le courant continu des modules en courant alternatif synchronisé au réseau, suit le point de puissance (MPPT), surveille la fréquence, coupe en cas d’anomalie. Sans lui, les panneaux produisent “dans le vide”. D’où la question qui revient toujours au bout de quelques années : faut-il prévoir son remplacement, et à quel horizon raisonnable ?

durée de vie onduleur

Durée de vie moyenne : ce que montrent les chantiers

Sur le terrain, un onduleur “string” résidentiel tient généralement une dizaine d’années, souvent 10 à 12 ans. Le facteur déterminant n’est pas le nombre de kWh passés, mais la thermique et la qualité des composants, en particulier les condensateurs électrolytiques qui vieillissent plus vite sous forte chaleur. Un appareil correctement ventilé, installé à l’abri (local technique, garage tempéré, mur nord), vieillit mieux qu’un modèle enfermé sous rampant dans des combles à 50 °C l’été.

Les micro-onduleurs affichent des ambitions plus longues sur le papier (conception “scellée”, pas de ventilateur, garantie étendue possible), mais ils restent exposés aux mêmes lois de la physique : cycles thermiques, humidité, surtensions. La différence, c’est la granularité : si un micro lâche, on remplace le module concerné sans immobiliser toute la chaîne.

Signes de fatigue et symptômes à surveiller

On ne remplace pas un onduleur “par principe”, on le remplace parce qu’il commence à dévier ou qu’il tombe franchement. Quels sont les signaux les plus parlants ?

  • Des alertes récurrentes sur le portail de supervision (perte de suivi MPPT, “grid fault”, “isolation fault”).
  • Une production anormalement faible par rapport à l’historique, sans explication météo ni ombrage nouveau.
  • Des arrêts intempestifs aux heures chaudes, qui repartent une fois l’appareil refroidi.
  • Un bruit de ventilateur inhabituel, ou au contraire un ventilateur qui ne démarre plus sur un modèle ventilé.
  • Des codes erreurs liés au relais réseau, aux sondes de température, aux canaux MPPT.

Un installateur lira les journaux (logs) et vérifiera en parallèle les basiques côté DC : tensions à vide cohérentes, symétrie des strings, état des connecteurs, continuité de terre. Parfois, le souci vient d’un connecteur MC4 fatigué, d’un parafoudre déclenché, d’un câble abîmé. Mais si l’électronique est en cause et que la garantie est échue, la discussion bascule vite vers le remplacement.

Faut-il budgéter un remplacement ? Oui, dès la conception

Prévoir une enveloppe de remplacement après 10 ans évite les arbitrages de dernière minute. L’ordre de grandeur dépend du segment et de la marque : un onduleur string résidentiel coûte quelques centaines d’euros à un peu plus de mille, main-d’œuvre en plus, selon puissance, options (communication, parafoudres intégrés), accessibilité du site. Le temps d’immobilisation est court : quelques heures pour la dépose-repose, la reprogrammation (profils réseau, mots de passe installateur), l’appairage au portail de suivi.

Point administratif souvent oublié : déclarer le changement d’onduleur (numéro de série) à l’acheteur d’électricité et, si demandé, au gestionnaire de réseau. Ce formalisme tient en une attestation et garantit la continuité du contrat de vente du surplus.

Garantie constructeur et extensions : ce qui est vraiment utile

La plupart des onduleurs sont livrés avec 5 à 10 ans de garantie standard. Des extensions payantes existent (12, 15, parfois 20 ans). Faut-il les prendre systématiquement ? Pas forcément. Une extension a du sens si l’on sait que le local est chaud ou difficile d’accès, ou si l’on veut lisser le risque financier. Dans tous les cas, lire les conditions : ce qui est couvert (électronique interne), ce qui ne l’est pas (dommages extérieurs, surtension non protégée), les modalités (échange standard, prêt).

Un mot d’expérience : ventiler correctement, éviter les volumes clos, diminuer la charge thermique et protéger le site contre les surtensions vaut parfois mieux qu’une extension mal adaptée.

Et l’assurance multirisque habitation dans tout ça ?

Remarque très pratique côté client : beaucoup d’onduleurs défaillants passent en “dommages électriques” via la multirisque habitation (MRH). En clair, si l’onduleur est HS suite à surtension, foudre, orage, infiltration ou sinistre déclaré, l’assureur peut prendre en charge le remplacement (appareil + pose), déduction faite de la franchise et selon les plafonds. L’usure normale n’est pas couverte, mais l’événement soudain l’est souvent.

Trois conseils simples pour que cela fonctionne en vrai :

  • Déclarer l’installation PV à son assureur dès la mise en service (contrat, photos, marque/modèle).
  • Conserver factures et numéros de série (panneaux, onduleur), et activer le portail de suivi : un export d’alarmes le jour d’un orage appuie le dossier.
  • Installer des parafoudres conformes (AC et, si besoin, DC) et le mentionner à l’assureur.

Le jour où ça tape, l’installateur rédige une attestation technique (constat, tests, référence du nouveau matériel). Dans bien des cas, la MRH règle le remplacement sans débat inutile. C’est un levier à rappeler au propriétaire au moment de chiffrer un devis hors garantie.

Micro-onduleurs : atouts réels, contraintes à connaître

Faut-il préférer les micro-onduleurs pour “oublier” le sujet ? Ils ont des avantages nets : gestion fine de l’ombre, suivi panneau par panneau, redondance (si un micro tombe, le reste tourne), courants DC plus faibles dans le câblage. Leur garantie est souvent plus longue que celle des onduleurs string.

Quelques réalités, pour autant : un remplacement se fait en toiture, ce qui impose un accès sécurisé et parfois un passage nacelle. Multiplier l’électronique, c’est multiplier les points de défaillance potentiels, même si chacun est moins critique. En environnement chaud (toitures sombres, faible ventilation), la température reste l’ennemi à long terme. Le bon compromis ? Choisir des références éprouvées, poser proprement (serrages, chemins de câbles), garder un stock tampon de un ou deux micro-onduleurs compatibles quand le site est isolé.

Bonnes pratiques pour gagner des années

Un onduleur bien posé et bien entouré vit plus longtemps. Quelques gestes font la différence :

  • Emplacement : mur ventilé, à l’ombre, loin des volumes brûlants.
  • Câblage DC sérieux : connecteurs compatibles, sertissages au bon outil, pas de mix de marques.
  • Parafoudres et mise à la terre vérifiés, surtout en zones orageuses.
  • Nettoyage léger des entrées d’air, contrôle visuel annuel, mise à jour logiciel quand c’est pertinent.
  • Surveillance : jeter un œil aux courbes de production à la sortie de l’hiver et au cœur de l’été. Les dérives se voient vite si l’on compare aux années précédentes.

Alors, faut-il prévoir un remplacement ?

Oui, prévoir est raisonnable : une ligne budgétaire à partir de la 10ᵉ année, un process de déclaration prêt, un installateur qui connaît la référence de remplacement compatible, des preuves de suivi archivées. Est-ce que tout le monde remplace à 10 ans pile ? Non. Beaucoup d’onduleurs vont plus loin. D’autres lâcheront plus tôt s’ils ont vécu trop chaud. Et avec la MRH bien cadrée, un incident “franc” (surtension, foudre) peut être absorbé sans impacter la trésorerie du foyer.

Au final, l’onduleur n’est pas une loterie. C’est une pièce d’usure prévisible dans le cycle de vie d’une centrale PV domestique. Anticiper, ventiler, protéger, documenter : quatre verbes simples qui évitent la panne surprise un soir d’été et la négociation en urgence le lendemain. Si un remplacement s’annonce, on le gère comme un entretien majeur, pas comme un sinistre. Et si un sinistre arrive, on s’appuie sur les bonnes garanties — constructeur d’abord, multirisque habitation ensuite — pour remettre l’installation en route sans traîner.